Robert F. Kennedy Jr avance à pas feutrés

Nommé en février 2025 secrétaire à la Santé et aux Services sociaux des États-Unis, Robert F. Kennedy Jr alterne entre décisions fondées sur la médecine par les preuves (EBM) et décisions plus controversées. Idem pour ses "sous-ministres" en attente de confirmation par le Sénat.

Robert F. Kennedy Jr. s'est entouré d'une équipe de collaborateurs au CV parfois impressionnant pour mener à bien sa politique de réforme du système de santé. Leur degré de controverse est variable.

En tant que secrétaire à la Santé, Kennedy a intensifié le réexamen des politiques vaccinales fédérales. Il a notamment suspendu des réunions d'experts en maladies infectieuses et réévalué des contrats autour de vaccins, dont un de 460,7 millions de dollars avec Vaxart pour un vaccin oral contre le covid-19, ainsi qu'un contrat de 590 millions de dollars avec Moderna.

Au niveau malbouffe, Kennedy a prévu de rencontrer des dirigeants de grandes entreprises alimentaires, telles que General Mills et PepsiCo, pour discuter de l'utilisation d'additifs alimentaires et de produits chimiques. Il envisage de bannir certains de ces additifs et de retirer les aliments ultra-transformés des repas scolaires afin de réduire les maladies chroniques liées à l'alimentation.

Vaccination contre la rougeole

Comme il avait souligné auparavant qu'il n'était pas "antivax" en toute circonstance, il a promu la vaccination contre la rougeole lors d'une récente épidémie mortelle au Texas, soulignant son importance pour la protection individuelle et communautaire. Toutefois, dans une interview à Fox Nation, Robert F. Kennedy Jr. a adopté une position ambivalente sur la vaccination contre la rougeole, oscillant entre recommandations officielles et scepticisme. Il a minimisé la dangerosité du virus, attribuant les cas graves à la malnutrition plutôt qu'au manque de vaccination. Son discours sur l'immunité naturelle est trompeur, suggérant qu'une infection protège contre des maladies comme le cancer ou les maladies cardiaques. En revanche, même Le Monde a salué sa politique contre les conflits d'intérêts et l'influence des industries pharmaceutiques et agroalimentaires.

La plupart des collaborateurs de Kennedy Jr devraient être confirmés.

Qu'en est-il de ses collaborateurs? Nommés par le président Trump, la plupart d'entre eux attendaient leur confirmation particulièrement minutieuse par le Sénat au moment d'écrire ces lignes. Mais tous devraient être confirmés.

Ainsi, le Dr Jay Bhattacharya, médecin, économiste de la santé et professeur à l'Université de Stanford nommé directeur des National Institutes of Health (NIH, qui financent et conduisent des recherches médicales), s'est fait connaître de manière controversée pour son opposition aux confinements et aux obligations de vaccination durant la pandémie de covid-19. Auditionné le 5 mars dernier par le Congrès, il s'est engagé à recentrer les NIH sur la lutte contre les maladies chroniques via l'initiative "Make America Healthy Again" (MAHA), en s'attaquant aux causes profondes comme l'obésité liée à l'alimentation industrielle. Il s'engage à rendre la recherche plus fiable, en instaurant des comités d'éthique indépendants. Mais il défend la "liberté d'expression scientifique", dénonçant la "censure". Il promet une "transparence totale" en publiant toutes les subventions et décisions des NIH afin, selon lui, de restaurer la confiance du public.

En attente lui aussi de confirmation à la tête du Center(s) for Disease Control and Prevention (CDC), le Dr Dave Weldon est médecin et biochimiste. Weldon a notamment été impliqué dans des débats sur la sécurité des vaccins, en particulier concernant le thimérosal, un conservateur à base de mercure utilisé dans certains vaccins. Il a notamment plaidé pour son retrait des vaccins pédiatriques, estimant qu'il pouvait avoir des effets neurotoxiques, ce que ne confirment pas plusieurs études scientifiques. Il veut intensifier les efforts du CDC pour collecter des données détaillées sur les avortements pratiqués aux États-Unis estimant qu'il y en a trop. Il veut s'impliquer également dans la santé environnementale (lien entre pollution et maladies).

Plus de transparence à la FDA

Nommé par Trump à la direction de la Food and Drug Administration (FDA), le Dr Marty Makary, professeur à l'Université Johns Hopkins, chirurgien et spécialiste du cancer, est connu pour ses critiques sur la surprescription de médicaments et l'influence des grandes compagnies pharmaceutiques sur les régulateurs gouvernementaux. Marty Makary a critiqué la surutilisation des vaccins contre le covid chez les personnes à faible risque de formes graves. Toutefois son profil est "peu controversé" et il devrait obtenir les votes suffisants au Sénat pour être confirmé. Lors de son audition, il a rassuré sur le fait qu'il n'avait pas de préjugés contre la pilule abortive à la mifépristone et qu'il n'avait rien à voir avec l'annulation de certains comités consultatifs au sein de la FDA.

Le Dr Mehmet Oz, chirurgien cardiothoracique et ancien animateur controversé d'une émission télévisée ("The Dr Oz Show"), nommé administrateur des Centers for Medicare and Medicaid Services (CMS), veut identifier les fraudes sociales au sein des programmes Medicare et Medicaid s'il est confirmé.

Enfin, "désignée" par Trump dès novembre dernier "chirurgienne générale des États-Unis" (en réalité une fonction de porte-parole du ministère de la Santé à la tête du puissant United States Public Health Service Commissioned Corps), la Dre Janette Nesheiwat, médecin urgentiste et directrice médicale à New York et ex-présentatrice sur Fox, promet de mettre en place un système pour améliorer la diffusion d'informations médicales fiables. Elle veut encourager une "communication transparente et accessible" sur la vaccination, la prévention et les avancées médicales, en espérant, dit-elle, contribuer ainsi à renforcer la confiance du public envers les autorités sanitaires. Chacun jugera...