Recherche médicale
Boxho in vivo: la mort désormais au service des vivants
La « Boxhomania » est de retour, avec la sortie d’un 4e opus dans la saga forensique du Pr Philippe Boxho. À moins de vous être exilé en Allemagne où ça ne rigole pas avec la médecine légale (et où ses best-sellers ne sont donc pas traduits), vous n’y avez sans doute pas échappé. Derrière le barnum médiatique autour de la mort se cachent toutefois des milliers de vivants, qui en profitent désormais grâce à l'ASBL "Boxho in vivo".
À l’heure où vous lisez ces lignes, le médecin légiste liégeois devenu « raconteur d’histoires » il y a quatre ans et désormais roi du buzz médiatique, sort de scène où il a (encore) fait son show, deux soirs d’affilée.
Les 2.500 places du Forum de Liège se sont écoulées en exactement 17 secondes, façon Tomorrowland puisque pas moins de 8.000 fans faisaient la queue dans sa salle d’attente virtuelle… Et il remettra le scalpel début octobre, à Chaudfontaine, où deux conférences sont sold out de longue date, après des succès identiques à Bruxelles, Paris ou encore Lille au printemps dernier.
Comme un poisson dans l'eau
Mais qu’est-ce qui fait (encore) courir Philippe Boxho ? En ce début d’après-midi de fin août où nous le croisons sur ses terres, en Cité ardente, il est au taquet depuis 7h du matin pour des interviews presse à l'occasion de la sortie de La mort, c’est ma vie, son quatrième ouvrage (en quatre ans). Un premier tirage à 350.000 exemplaires, à la hauteur du 1,2 million de ventes des trois premiers opus.
Éreinté ? « Non, pas du tout, très bien même », répond-il avec un geste de sérénité. Dans la salle adjacente, 300 personnes piétinent d'impatience, dont des journalistes (encore). Après 1h30 d’exposé, il enchaîne avec un photowall endiablé dans une galerie commerciale proche, puis une masterclass privée de médecine légale. Avant de sauter dans l’Eurostar pour Paris, où des séances de dédicaces l’attendent.
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Il est loin le temps (que les moins de 20 ans…) où le professeur de médecine légale de l’ULiège, fort de ses 3.000 autopsies, animait de temps à autre de petites soirées dans des salles paroissiales sur les hauteurs de Liège pour « débunker » les contre-vérités médico-légales et criminalistiques de séries TV comme Les Experts.
Depuis la sortie de Les morts ont la parole, sa notoriété a explosé, il est méga sollicité : plus de 100 conférences gratuites données l’an dernier et, désormais, des dizaines de demandes par jour. Ces événements comblent les auditoires avec, en corollaire, leur lot de fausses inscriptions et non-présentations. Et de l’argent, parfois, sans traçabilité au niveau des organisateurs…
Au secours des patients
C’est ainsi qu’est né Boxho in vivo (par opposition à la mort), bébé caritatif sous forme d’ASBL. Aux manettes, Nadine Boxho-Cheniaux, l’épouse du Pr Boxho, logopède et organisatrice, naguère, déjà, de conférences pour les médecins. Face au succès de son mari, elle a réenfilé sa casquette pour surfer sur la Boxhomania et la mettre au service des vivants frappés par la maladie via des associations à visée médicale.
En moins d'un an, l'ASBL Boxho in vivo a déjà versé 93.000 euros à la recherche médicale.
« Je faisais des conférences depuis longtemps déjà, à la demande de services-clubs, de communes… Avec la sortie des livres, j’en ai fait de plus en plus, à des niveaux toujours plus grands et avec des bénéfices dont on ne savait où ils allaient – nous n’étions pas maîtres de cet argent », dissèque Philippe Boxho.
« Je n’ai jamais demandé à être payé pour ces conférences que j’estime être, d’une certaine façon, le prolongement de ma mission académique. Alors je me suis dit qu’on allait faire autrement : les conférences seraient payantes, mais nous les organiserions nous-mêmes, pour gérer l’argent et pouvoir le redistribuer. »
Mettre des associations dans "sa" lumière pour les faire connaître
Depuis sa création fin 2024, l’ASBL a déjà redistribué pas moins de… 93.000 euros ! « Nos comptes seront publiés au Moniteur, tout qui aurait un doute pourra donc vérifier », poursuit le Pr Boxho. « L’ASBL assure tout ce qu’il faut payer : la location de la salle, les régisseurs, le système de réservations… Et personne d’autre n’est payé : ni moi, ni ma femme, ni une amie qui fait le secrétariat, tout le monde est bénévole. Les bénéfices recueillis sont redistribués pour de bonnes actions : cancer du sein, glioblastome et Parkinson, notamment. »
Le boni des conférences au Forum de Liège est dédié à la lutte contre le cancer du sein en soutien à la Fondation Léon Fredericq et Think Pink, celui de Chaudfontaine ira au Foyer des orphelins. La soirée au Cirque royal en avril a soutenu un programme de recherche pour les maladies rares du mouvement de l’enfant, et celles de Paris et Lille étaient au profit de l’Institut du cerveau représenté par Olivier Goy, contre la SLA. La future soirée à Lyon du 5 novembre est d’ores et déjà consacrée à l’Alzheimer précoce.
« Quand je fais des conférences en France, on choisit des associations locales : on ne va pas utiliser l’argent des Français pour le ramener en Belgique, ce serait indécent ! Il y a suffisamment d’associations qui travaillent - notamment dans la recherche dans le cancer - et qui ont besoin d’être aidées. On demande aux personnes de l’association de faire une brève présentation sur place, pour les mettre en lumière, sensibiliser le public et ainsi, tout le monde voit aussi que c’est bien réel », conclut-il.
>> Les associations candidates peuvent postuler en introduisant un dossier de demande de soutien financier sur le site https://boxhoinvivo.com.
