Amnesty international
2.000 Belges sondés à l'occasion de la future Journée internationale pour le droit à l'avortement (28/9)
Un Belge sur cinq estime que le délai légal de 12 semaines pour l'IVG est trop court, et trois femmes sur dix qui ont subi un avortement l'ont fait illégalement ou à l'étranger, révèlent les résultats d'un sondage mené par Amnesty auprès de 2.000 Belges en vue de la Journée internationale pour le droit à l'avortement qui aura lieu le 28 septembre.
Une écrasante majorité (92,5%) de la population belge est favorable au droit à l'avortement, montrent les résultats d'un sondage publié ce jeudi par Amnesty International. Les répondants sont par contre conscients qu'il existe encore de nombreux obstacles à ce droit, même en Belgique.
Ainsi, 22% des sondés placent le délai légal de 12 semaines dans le top 3 des principaux freins. En Belgique, l'IVG pour des raisons non médicales est autorisée jusqu'à 12 semaines de grossesse. À titre de comparaison, aux Pays-Bas, l'avortement est possible jusqu'à 24 semaines, et en France jusqu'à 14 semaines.
Près de trois personnes sur quatre pensent que l’avortement doit être reconnu comme un soin de santé (73,5%) et comme un droit fondamental (74,3%).
Le sondage a été réalisé auprès d'un échantillon représentatif de 2.000 personnes, du nord au sud du Royaume.
Par ailleurs, quatre sondés sur cinq pensent qu’il est important de rester vigilant pour protéger le droit à l’avortement, et 78% sont inquiets de voir le droit à l’avortement remis en question dans certains pays.
Délais d'attente trop longs
Outre des éléments plus personnels comme la pression sociale (45%), des raisons culturelles ou religieuses (39%) ou un manque d'accord avec son ou sa partenaire (27%), près d'un quart des répondants placent les délais d'attente pour un rendez-vous et une intervention trop longs à cause de la pénurie de médecins qui pratiquent l'IVG.
Il ressort également du sondage que parmi les répondantes ayant eu recours à l'avortement - sur les 2.000 Belges interrogés, 11% ont déclaré avoir déjà subi un avortement -, près de trois sur dix (28,8%) déclarent que l'intervention a été pratiquée illégalement en Belgique, ou légalement ou illégalement à l'étranger.
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Un constat inquiétant pour la directrice de la section francophone d'Amnesty International Belgique, Carine Thibaut. "Bénéficier de la possibilité d'avorter de manière sûre, légale et sans entraves est un droit fondamental. Or, dans sa forme actuelle, le cadre légal belge ne cesse de générer des obstacles inutiles et dangereux, criminalisant des personnes qui désirent avorter."
Méconnaissance du cadre légal
Autre point marquant, le manque de connaissance du cadre légal dans le pays.
"Si deux personnes sur trois pensent connaître le cadre juridique relatif à l'avortement en Belgique, seulement 6% des répondants ont en réalité des connaissances correctes quant au délai légal pour avorter et savent qu'il existe un délai obligatoire de réflexion. En moyenne, les personnes interrogées obtiennent la note de 3,8 sur 10 lorsqu'on leur soumet une série de questions sur la législation encadrant l'avortement dans notre pays."
Cette méconnaissance est "extrêmement dommageable" et "il est de la responsabilité de nos autorités de veiller à ce que toutes les informations concernant ce soin de santé essentiel soient transmises de façon complète et efficace à l'ensemble de la population", commente Mme Thibaut.
Plus de sept répondants sur dix considèrent aussi que l'avortement ne devrait pas exposer à des sanctions pénales, comme c'est encore le cas en Belgique. "Le fait d'interdire et/ou de criminaliser l'avortement ne fera jamais qu'on cesse d'y recourir ; les personnes concernées chercheront toujours des manières de mettre fin à leur grossesse si elles en ont besoin. Ce qui est essentiel, c'est qu'elles puissent le faire de manière sûre, légale, et sans entraves", conclut Carine Thibaut.