Jm hospitals

Double impact

[opinion] Économies : les hôpitaux dans l'œil du cyclone

L'impact des économies demandées sur les hôpitaux semble limité. Mais avec les économies sur la pharmacie hospitalière et les honoraires des médecins, les hôpitaux risquent de se retrouver dans l'œil du cyclone.

Dieter Goemaere, directeur des hôpitaux chez GIBBIS asbl

Dieter Goemaere (GIBBIS)Bien que le gouvernement belge continue d'investir dans les soins de santé, le cadre budgétaire 2026 risque d'être un moment charnière. La norme de croissance du budget des soins de santé est fixée à 2%, alors que la demande de soins augmente plus rapidement. Par conséquent, 907 millions d'euros doivent être économisés à partir du 1er janvier 2026, ce qui représente l'effort le plus important pour ce secteur depuis des années.

Les hôpitaux plus durement touchés qu'il n'y paraît

À première vue, les économies directement demandées au sein du financement des hôpitaux semblent limitées. Mais ceux qui connaissent le financement complexe des hôpitaux peuvent voir que cette opération peut avoir des conséquences beaucoup plus profondes et pourrait mettre les hôpitaux en grande difficulté.

Les hôpitaux sont financés par trois sources principales de financement public :

  • le budget des moyens financiers (BMF) et les accords avec l'Inami, qui représentent ensemble 40 % des recettes.
  • Les honoraires des médecins, dont une part importante revient à l'hôpital par le biais de transferts de fonds - représentant 37 % du chiffre d'affaires.
  • La pharmacie de l'hôpital, une composante de plus en plus importante - 22 % du chiffre d'affaires.

Les mesures d'austérité qui viennent d'être prises portent principalement sur les honoraires et les médicaments, ce qui signifie que l'impact sur les hôpitaux est beaucoup plus important qu'il n'y paraît à première vue.

Honoraires des médecins et médicaments : double impact

Le gouvernement propose d'économiser 212 millions d'euros (150 + 62 millions) sur les honoraires des médecins. Cette mesure vise en particulier les actes techniques, ce qui accroît encore la pression sur les hôpitaux.

En effet, c'est précisément dans les départements techniques qu'une grande partie des honoraires revient à l'hôpital pour payer le personnel et l'équipement, jusqu'à trois quarts de certains honoraires. En ciblant ces services de manière aussi spécifique, on frappe de plein fouet le financement des hôpitaux.

Les hôpitaux risquent indirectement de réaliser des dizaines de millions d'euros d'économies supplémentaires.

Un exemple concret : il est prévu de réduire le remboursement des tests complexes de génétique moléculaire. Or, les honoraires de ces tests ne couvrent pas seulement les prestations des médecins, ils financent également les équipements de laboratoire et les technologues. L'hôpital est donc directement touché par cette mesure.

Les pharmacies hospitalières sont également touchées de plein fouet. Par exemple, le gouvernement propose de réduire de 6 % le remboursement de certains médicaments aux hôpitaux, mais sans ajuster le prix de ces médicaments. Cela représente une perte de 42 millions d'euros. Les implants deviennent également un poste d'économies (perte : 23 millions d'euros), alors qu'ils sont utilisés exclusivement dans les hôpitaux.

Ainsi, en raison des mesures sur les honoraires des médecins et sur la pharmacie hospitalière, les hôpitaux risquent de subir indirectement des dizaines de millions d'euros d'économies supplémentaires.

Conclusion : une tempête se prépare

En 2023, deux tiers des hôpitaux belges étaient déficitaires. Les tendances à la baisse insufflées par le gouvernement risquent de porter atteinte à l'infrastructure, au personnel et au soutien technologique dont les hôpitaux ont besoin pour fournir des soins de qualité, à un moment où la pression sur le système est déjà historiquement élevée.

Les négociations officielles débutent cette semaine. Les prestataires de soins de santé et les compagnies d'assurance maladie préparent une proposition qui sera examinée par le gouvernement. Il est essentiel que tous les acteurs concernés - les caisses d'assurance maladie, les prestataires et les décideurs politiques - prennent leurs responsabilités.

Personne n'échappera aux réductions. Les mesures proposées ne doivent pas seulement viser à réaliser des économies rapides, mais aussi à préserver les soins essentiels et à éviter de porter un préjudice supplémentaire au financement des hôpitaux. Une vision à long terme doit également faire partie de la réflexion.

C'est la seule façon d'éviter que cette série d'économies ne se transforme en une hécatombe financière pour nos hôpitaux, avec des conséquences désastreuses pour le personnel, les patients et la qualité des soins.

Wat heb je nodig

Accès GRATUIT à l'article
ou
Faites un essai gratuit!Devenez un partenaire premium gratuit pendant un mois
et découvrez tous les avantages uniques que nous avons à vous offrir.
  • checknewsletter hebdomadaire avec des nouvelles de votre secteur
  • checkl'accès numérique à 35 revues spécialisées et à des aperçus du secteur financier
  • checkVos messages sur une sélection de sites web spécialisés
  • checkune visibilité maximale pour votre entreprise
Vous êtes déjà abonné? 
Écrit par Dieter Goemaere11 septembre 2025
Magazine imprimé

Édition Récente

Lire la suite

Découvrez la dernière édition de notre magazine, qui regorge d'articles inspirants, d'analyses approfondies et de visuels époustouflants. Laissez-vous entraîner dans un voyage à travers les sujets les plus brûlants et les histoires que vous ne voudrez pas manquer.

Dans ce magazine